Au détour de l’An Mil, un peu partout en Europe, sont apparues de nombreuses déviances religieuses issues de la chrétienté. Pourtant, prisonnière de ses luttes internes, l’Eglise de Rome ne les vit pas venir, ou si peu… Elles traduisaient un mal-être spirituel profond de la société occidentale face aux errements de l’Eglise en place, jugée éloignée du message christique. Parmi elles le catharisme…
L’idéologie cathare
Le catharisme s’est développé en France au XII siècle. Les prédicateurs se revendiquaient profondément du christianisme et se disaient les seuls vrais disciples des apôtres, pratiquant comme eux la pauvreté absolue et le travail de leurs mains pour vivre.
Les cathares mettaient en avant une idée dualiste de la création, opposant 2 mondes : l’un bon et l’autre mauvais. Le premier est l’œuvre de Dieu, le second est ce bas monde, le mal. Ils dénonçaient également une église trop riche et liée aux puissants. On les désigne aujourd’hui sous le nom de cathares, mais à l’époque, ils se nommaient bons chrétiens, apôtres, bons hommes.
Le saviez-vous ?
Le mot cathare vient du grec « Katharos » qui veut dire « pur ».
L’inquisition, la croisade contre les Albigeois
En 1209, après plusieurs décennies de condamnations et d’avertissements, voyant l’inutilité des tentatives de retour au bercail par la parole, le pape Innocent III déclenche une croisade contre ceux que l’on appelle alors les « hérétiques albigeois ». Les premières croisades concernent alors les comtes d’Albi, avant de s’étendre à tout le grand sud.
Les croisades ont ainsi opposé pendant plus de 30 ans les habitants et seigneurs du sud de la France aux envoyés de l’Eglise catholique.
Le catharisme en Ariège
En 1233 est créée à Toulouse l’Inquisition, chargée de réprimer définitivement l’hérésie. En s’appuyant sur une technique très au point de délation et de recoupement des archives, les inquisiteurs vont faire planer sur la région une véritable terreur.
Le phénomène cathare en Ariège se résume souvent à Montségur, haut lieu légendaire qui fut occupé en 1204 par une communauté cathare et devint en 1232 le siège de l’Eglise dissidente. Il fut assiégé et pris en 1244, plus de 200 cathares y furent brûlés.
Cependant il y eut bien écho et résonnance de ce catharisme dans d’autres lieux de l’Ariège : Durban-sur-Arize, Saverdun, Durfort, Dun, Mirepoix, Roquefixade, Péreille, Montferrier, Villeneuve d’Olmes, Saint Quentin-la-Tour, Laroque d’Olmes, Bélesta, Lavelanet, Bénaix, Montségur, Foix, Tarascon-sur-Ariège, Lordat, Château-Verdun, Ax-les-Thermes, Rouze, Miglos, Quié, Saurat, Montaillou, Rabat-les-Trois-Seigneurs, Prades sont autant de villages touchés par l’inquisition. Chaque chemin, chaque église, chaque ruine, raconte un peu cette époque.
Des sursauts cathares furent observés jusqu’au début du XIVème siècle, notamment dans la Haute-Ariège, entre Tarascon-sur-Ariège et Ax-les-Thermes. Puis les dernières communautés s’exilèrent en Catalogne et en Lombardie avant de disparaître.
Les personnages du catharisme en Ariège
Le château de Foix retrace l’histoire du Moyen-Âge et du catharisme en Ariège, l’espace muséographique présente de façon claire et ludique les personnages qui ont joué un rôle.
On découvre par exemple Esclarmonde de Foix surnommé « la grande Esclarmonde », Raymond-Roger de Foix et bien d’autres personnages du Moyen-Age jusqu’au grand Gaston Phébus.
le saviez-vous ?
Pour découvrir les principaux lieux du catharisme tout en randonnant, il existe deux sentier en itinérance : Le chemin des bonshommes – GR®107, de Foix à Berga en Espagne et le Sentier Cathare – GR®367, de Port-la-Nouvelle dans l’Aude à Foix.
Lexique du catharisme
- Abjuration = renonciation solennelle à la foi que l’on professait.
- Consolament = unique sacrement cathare, baptême par l’imposition des mains ou baptême par le Saint Esprit « consolateur ». Conféré aux novices pour marquer leur entrée en vie religieuse ou aux mourants pour le salut de leur âme.
- Dualisme = doctrine philosophique et religieuse posant l’existence de deux principes créateurs, coéternels et antagonistes : Dieu, le Bien, et la matière, le Mal.
- Inquisition = institution chargée de la poursuite judiciaire des déviants religieux, par extension tribunaux chargés de poursuivre les hérétiques.
- Parfait(e) = terme inquisitorial pour désigner les religieux et religieuses de l’Eglise cathare, que leurs croyants appelaient bons chrétiens, bons hommes ou bonnes femmes.