Le refuge le plus haut et le plus exigeant d’Ariège est celui du Fourcat ! Culminant à 2 445m, il faut compter environ 6h de marche avec un bon pied montagnard ? et un dénivelé positif de 1 200 m. Fin juin, me voilà engagée dans ma première montée en solo au refuge Fourcat ! Une aventure inoubliable gravée dans ma mémoire pour très longtemps … Je vous raconte ?… des moments VRAIS dans un refuge loin de tout…mais au plus près de l’essentiel !
Comment y aller ?
Depuis Toulouse, il vous faudra prendre l’A66 en direction de Pamiers, puis la N20 jusqu’à Tarascon-sur-Ariège. A Tarascon, prenez la direction d’Auzat, et continuez jusqu’au parking de « Pradières-d’en-haut ». Le sentier démarre au parking.
Comptez 1h40 depuis Toulouse.
La Montée au refuge du fourcat
Avec le confinement, ce besoin de prendre du temps pour soi est devenu indispensable. J’avais une grande envie de souffler et bien j’ai trouvé « LE » lieu idéal pour cela. La journée s’annonçant chaude je pars à 7h30 du parking de Pradière (1 150m) qui est aussi le point de départ de l’étang d’Izourt. Je suis seule sur le parking et commence mon ascension en forêt en suivant le balisage rouge et blanc du GR10 qui monte tranquillement sur la rive droite (donc côté gauche en montant) du ruisseau d’Arties. Je prends soin de bien contourner un troupeau de vaches gasconnes et leurs veaux afin que tout se passe au mieux. En effet, les gasconnes sont très protectrices de leurs veaux il est donc préférable de s’en éloigner.
Je rejoins sans difficultés l’étang d’Izourt et rencontre un habitant de la vallée venu faire son petit running (aller/retour) depuis Vicdessos. On prend le temps d’échanger sur le barrage d’Izourt et des anciens bâtiment d’EDF qui rappellent l’histoire d’une catastrophe climatique majeure ayant eu lieu en 1939. La construction du barrage provoqua la mort de 31 personnes notamment des ouvriers italiens. D’ailleurs, La maison des patrimoines à Auzat retrace cette histoire dans tous les détails.
bon à savoir
Le tronçon qui monte au refuge du Fourcat depuis la rive droite de l’étang d’Izourt sera désormais reclassé en « Accès GR10 ». Vous ne verrez donc plus la signalétique GR10 mais le sentier existe bel et bien 😉 Et il serait dommage de se priver de la vue que vous offrira l’arrivée au refuge ! Le tronçon est cartographié en pointillés noirs sur les cartes IGN. Le sentier reste visible sur les applis de randonnée à l’échelle SCAN 50.
Je reprends le chemin qui longe l’étang par la gauche. Les couleurs sont mélangées avec le rouge des pierres, le bleu vert du lac et le ciel bleu, c’est magnifique. Je monte ensuite un rude lacet pour arriver au plat de l’Orri de la Caudière (prononcer « caoudière »). Je fais une petite pause graines, fruits secs avant de reprendre la route.
Je poursuis une montée exigeante et bien empierrée (avec quelques passages où on l’on doit poser les mains), mon corps commence à sentir l’effort, je voulais souffler et bien là j’y suis ! Je souffle ! Quand vais-je voir ce refuge ? Un pas, deux pas, je me motive : on avance allez allez !! Et me voilà arrivée au petit col menant au petit étang Fourcat où d’un côté on voit en contrebas l’étang d’Izourt et de l’autre on aperçoit au loin le refuge.
Le chemin longe le petit étang Fourcat sur la droite pour ensuite atteindre le déversoir de l’étang Fourcat, je poursuis sur la gauche et rejoins le refuge, il est 12h00. Je suis accueillie par Django le border collie du gardien.
Ce refuge et ces étangs se méritent, physiquement et mentalement ! … Mais quelle récompense !
Django, adjoint du gardien ©Guillaume Jolibert Etang bleu du Fourcat ©Guillaume Jolibert Le petit Fourcat ©Guillaume Jolibert
Un environnement d’une époustouflante beauté
Venue sur trois jours avec deux nuits au refuge, je profite du lieu et de son formidable belvédère qui est juste hallucinant !
Le refuge surplombe le lac du petit Fourcat d’un côté et celui du Fourcat de l’autre. Le soir on y observe et entend le sifflement des marmottes dans les pierriers au loin. Et lors d’un levé matinal, j’ai pu admirer une belle femelle isard avec son éterlou! Dans cette même journée les rapaces n’étaient pas en reste avec un groupe de vautours fauves, suivis du majestueux gypaètes barbu.
Ce lieu est un mélange de douceur par ses couleurs et ses animaux sauvages et d’exigence avec cette montagne abrupte. Et pour finir la journée en beauté, les lumières du soir sont justes indescriptibles !
Le refuge du Fourcat ©Guillaume Fernandes Refuge Malcaras ©Guillaume Jolibert
Je bénéficie de deux jours très ensoleillés pour monter au pic de Tristagne avec ses 2 878 mètres qui offre une vue imprenable sur un grand nombre de sommets Ariégeois et Andorrans. En effet, ce sommet marque la frontière avec l’Andorre.
D’ailleurs, j’étais déjà venu dans ce refuge il y a quelques années en partant d’Andorre plus précisément de la station d’Arcalis, où la durée de marche n’est que de 2h30. J’avais fait le retour par les étangs de la Goueille. Cet autre itinéraire est vraiment somptueux.
Sachez néanmoins que le secteur nécessite d’être prudent ? Eh oui, nous sommes en haute-montagne ! La neige peut faire son apparition en plein été par exemple, il peut y avoir de l’orage… bref, il faut bien regarder la météo avant de partir pour ne pas se retrouver dans de délicates positions.
Le refuge du Fourcat de nuit ©Simon Mioni Le refuge du Fourcat de nuit ©Simon Mioni
Carte d’identité du refuge
Construit tout en pierre lors de la 1ère guerre mondiale par la compagnie d’Alais et de la Camargue devenant Pechiney en 1950, l’intention est d’héberger les ouvriers travaillant sur une digue de retenue et d’une galerie d’eau servant à l’usine d’aluminium. Cette première construction servait aux randonneurs et bergers jusque dans les années 1980. Le Club alpin des montagnards ariégeois, affilié à la Fédération française des clubs alpins et de montagne, rénove le bâtiment afin qu’il devienne un refuge gardé. C’est en 1994, qu’une extension importante est opérée tout en conservant l’originelle voûte en pierre qui donne tout son charme à ce refuge d’altitude.
Le refuge du Fourcat ©Guillaume Jolibert Le refuge du Fourcat ©Guillaume Jolibert
Aujourd’hui le refuge est doté :
- de 8 dortoirs allant de 5 à 6 couchages avec chacun une couverture, idéal en cette période COVID pour monter avec des amis !
- d’une salle commune et d’une salle hors sac indépendante
- d’un refuge hiver de 11 places intégrées dans la partie gardée en période d’ouverture
- d’une période de gardiennage de fin juin à mi-septembre et sur réservation en Juin et de Mi-septembre à Octobre
- d’un gardien : Guillaume Jolibert, proposant des services : restauration ; boissons ; panier repas.
Pour bien préparer votre venue au refuge, n’hésitez pas à lire cette page !
C’est à la qualité de son gardien que l’on évalue la qualité du refuge …*
J’avais envie de reprendre cette phrase extraite d’un avis Google de *Laurie, Christel et Axel (Belgique) d’août 2019. Après une montée exigeante, on est dans la satisfaction d’avoir relevé un vrai défi.
L’accueil que va nous faire le gardien à notre arrivée va être la cerise sur le gâteau.
Le gardien est le « chef d’orchestre » de l’ambiance sur place et de la vie du refuge. Son mode de vie est particulier, il vie en altitude durant les mois d’été. On apparente souvent sa façon de vivre à celle que l’on retrouve sur un bateau. D’ailleurs l’expression « mer de nuages » que l’on peut souvent admirer depuis le refuge du Fourcat prend tout son sens ?
Là-haut, c’est Guillaume le maître des lieux, accompagné de son fidèle associé Django un beau border collie, chien de berger, ici c’est le chien du gardien. Et Guillaume est un super gardien ! Il est au petit soin avec les randonneurs. Il influe une ambiance familiale et détendue qui invite nécessairement au partage. Quand le temps le permet on prend l’apéro sur la terrasse où l’on peut échanger avec les autres randonneurs et y voir les marmottes jouer et siffler en face.
Guillaume est un gardien du « cru » natif de l’Ariège il est attaché à la culture locale et veut partager les bonnes choses de la vie en nous préparant une cuisine locale et majoritairement bio :
- la bière : la Valax d’Ax les thermes,
- le pain de campagne d’Ax les thermes,
- le fromage la tomme de vache fermière bio du Carregaut de Castelnau Durban,
- les biscuits du moulin,
- la charcuterie et la viande également locales,
- l’épicerie majoritairement bio (farine, lentilles, chocolats…)
En plus des bons produits d’ici, Guillaume est un bon cuistot, sa soupe de lentilles corail est à tomber! En fait, ce gardien, c’est la gentillesse incarnée et au moment du repas naturellement on vient lui filer la main en déposant les plats sur les tables, en débarrassant les assiettes et les couverts, car souvent seul et tellement sympathique les randonneurs participent à la vie du refuge par cet échange. Une VRAIE ambiance conviviale et participative. Et la veille n’oubliez pas de lui demander le superbe panier pique-nique du lendemain car pendant que vous dormez il s’attèle à la plonge, au nettoyage de la salle commune et aux paniers piques niques, ça lui fait ça en moins à faire le matin. ?
Guillaume est aussi accompagnateur en montagne, un professionnel idéal pour vous conseiller sur les détails techniques de votre itinéraire, en plus il connait bien le coin, il y venait enfant.
Retour au point de départ
Le jour de mon départ, j’ai eu la chance de pouvoir redescendre avec une famille dont j’avais fait la connaissance au refuge. Nous avons pris le temps de faire le retour ensemble, par le même itinéraire qu’à l’aller. Carole et Cédric, leurs deux filles Marion et Romane de 10 et 7 ans, sont des fans de randonnées dans les Pyrénées. Nous avons accroché de suite. D’autant que l’expression « le monde est vraiment petit » a pris tout son sens ce weekend-là.
Situé aux confins de la Haute-Ariège et de l’Andorre, au milieu du PNR des Pyrénées Ariègeoises dans le refuge le plus haut d’Ariège, je tombe sur ce couple originaire de ma terre natale, le cantal. Et en discutant nous avons des amis en commun et avons fréquenté les mêmes écoles… Dingue !
Le fait de partir en solo, nous invite plus facilement à nous tourner vers les autres, à prêter plus d’attention à l’environnement et aux personnes qui nous entourent. ?
Informations pratiques
Un refuge pour randonneurs, pêcheurs, contemplatifs et adeptes de l’effort…
Carte IGN : TOP 25 IGN 2148 OT
Coordonnées géographiques :
GPS (UTM WGS84) : 31T 376235 4724726
Coordonnées GPS décimales : 42.665052 N / 1.489765 E
4h de marche du parking
Accès : Parking à la centrale de Pradière après Auzat ou station Andorrane d’Arcalis